Scroll Top

Interview de Trezen, du groupe Manau

Trezen
Trezen

“La Tribu de Dana” restera le tube incontournable de 1998. Sa mélodie est désormais ancrée dans les grands classiques de la chanson française et c’est au groupe Manau que l’on doit cette chanson d’origine bretonne.
Grâce à notre partenaire Sabrina Fraty, nous allons vous faire connaître l’un des membres de ce groupe mythique, Trezen.

Bonjour Trezen, vous êtes connu pour avoir rejoint, très jeune, Martial Tricoche et Cédric Soubiron du groupe Manau. Est-ce une chance d’avoir commencé votre carrière si tôt ?

Bonjour Sabrina, en réalité, ma carrière a commencé bien plus tôt. Je suis entré au conservatoire à l’âge de 7 ans, j’en suis sorti à 15, puis j’ai eu tout de suite mon premier groupe, “Mean While”. Au lycée, notre groupe était déjà connu dans la région parisienne. Nous faisions des tournées tous les étés. Nous avions sorti un album et un de nos titres passait déjà à la radio, notamment sur Skyrock. C’est justement sur Skyrock que j’ai rencontré Cédric. Il m’a présenté Martial, et c’est comme ça qu’est né le groupe MANAU. J’avais 23 ans quand nous nous sommes hissés à la première place du top.
Le fait de connaître le succès si tôt est bien sûr une chance, mais c’est aussi déstabilisant, car, après une telle réussite, on se dit qu’on ne pourra pas faire mieux, donc on travaille pour faire différent…

Comment se sont passés les premiers concerts avec votre ancien groupe ?

Avec Mean While, j’étais “le frontman”, celui qui va au combat pour aller chercher le public.
La première fois, j’avais 16 ou 17 ans et j’avais le trac, j’ai passé la moitié du concert dos aux spectateurs. Et, peu à peu, j’ai appris à regarder les gens dans les yeux et à leur livrer les paroles en essayant de les toucher, de faire passer l’émotion. Dans Manau, je n’étais pas le chanteur principal, j’étais surtout le compositeur et je chantais les refrains.
Ce n’est pas moi non plus qui écrivais les paroles. C’est un contexte très différent…Avec Manau, nous avons commencé à jouer dans de petits bars en Bretagne, pour finir dans les plus grandes salles de France. Jusqu’à trente mille personnes en plein air… C’était une
expérience incroyablement grisante…

Vous avez aimé la gloire ?

Manau
Manau

Le ressenti face à la gloire est très personnel. Voir quinze ou vingt mille personnes chanter un refrain dont tu as enregistré la voix trois mois avant procure une sensation de fierté intense, et d’étonnement… c’est agréable et cela représente surtout la reconnaissance d’un travail, d’une idée. Être connu pour être connu ne m’a jamais intéressé. Mais la gloire acquise grâce à une proposition artistique, c’est pour moi l’ultime récompense.

Notre victoire de la musique en 1999 a été une grande fierté pour moi. Je n’ai pas d’ego démesuré, mais j’ai la prétention, ou tout du moins l’ambition, de proposer de bonnes chansons, et je prends beaucoup de plaisir à écrire pour d’autres artistes.

Pourquoi avoir quitté le groupe ?

Après le succès phénoménal du premier album (presque deux millions d’albums et trois millions de singles), l’état d’esprit au sein du groupe avait beaucoup changé. La maison de disques a fait des propositions qui ont divisé le groupe et l’équipe de management. Il y a eu très vite deux clans.
La musique étant pour moi un espace de liberté, j’ai préféré partir dans de bonnes conditions, plutôt que de m’accrocher et passer mon temps à essayer de convaincre des gens qui étaient sous l’emprise du label. Ce groupe aurait pu connaître un succès bien plus important et plus durable, mais je n’ai jamais regretté, je n’avais plus rien à faire dans cette histoire qui ne me convenait plus, ni artistiquement ni humainement… Cédric et Martial ont continué à deux, et maintenant, Martial reste seul à représenter ce nom.

Quelles sont les qualités qu’un musicien doit avoir ?

Le travail technique est indispensable. Savoir retranscrire ce qu’on a dans la tête sur un instrument est essentiel. De plus, se remettre sans cesse en question permet de se détacher de ses propres schémas, avoir l’esprit ouvert, jouer avec d’autres musiciens, rencontrer le public et surtout, surtout, travailler avec passion.

12047658_10207949554590127_1123151847_n
Trezen

Quelles sont vos  influences musicales ?

J’ai été élevé dans une famille où l’on écoutait beaucoup de musique, particulièrement des vieux chanteurs français. À l’adolescence, j’ai pris mon indépendance musicale. J’ai aimé les années 1980/1990, U2, Depeche Mode, Red Hot Chili Peppers, puis Nirvana et depuis toujours, un esprit rock mélodique m’inspire une certaine énergie.

Très vite, j’ai été inspiré par le flow de certains rappeurs comme Rockin’ Squat du groupe Assassin, mais aussi de Kool Shen et Joey Starr de NTM. Et les textes de MC Solaar. Dernièrement, j’ai apprécié des titres de M83, Avicii, Kygo, Coldplay, Muse…

Sur le plan artistique, vous vous sentez proche d’autres artistes français ?

Ce n’est pas très original, mais j’ai bien aimé les dernières facéties de Stromae, de Christine and the Queens, de Hyphen Hyphen. Ma fille de 10 ans est fan de Louane, du coup, certaines chansons me restent en tête… je reste ouvert à tout ce qui passe à la radio et qui me procure du plaisir, je n’ai pas de barrière de langue ou de style…

Pouvez-vous nous parler de votre prochain album ?

Il sera à l’image de la musique que j’écoute en ce moment, un son assez moderne, avec des ambiances électro, des refrains qu’on peut retenir facilement, à 10 ans ou à 60. J’aime que mes mélodies soient dans les têtes et habitent pour un moment l’inconscient des auditeurs.
J’ai composé quinze titres, je garderai les treize meilleurs. J’ai mis un peu moins d’un an pour écrire les nouvelles chansons ; certaines existaient depuis longtemps, malgré tout elles n’avaient jamais été enregistrées sur disque. Le premier extrait s’appelle “Ô ma belle”, il est en promo actuellement, mais les radios hésitent à le diffuser car il comporte les mots “cul” et “seins”. Pour moi, ce n’est pas vulgaire, mais certaines personnes n’ont pas contextualisé ces mots. En tout cas, moi, j’adore cette chanson et j’aime parfois un peu provoquer… Le deuxième titre, “On m’appelle papillon”, sera envoyé aux médias mi-avril en même temps que la sortie de mon EP cinq titres.

Qu’est-ce qui vous a inspiré pour vos textes ?

Mon prochain album s’intitulera “Inspiré de défaites réelles”, il retracera le parcours de mes relations passées. J’ai voulu écrire une chanson pour chaque fille qui a partagé une période de ma vie, enfin les principales ! Ce seront donc des histoires d’amour ou de relation avec des angles d’attaque différents, certaines fondées sur les sentiments, déçus ou contrariés, d’autres sur l’aspect charnel ou la séduction… j’essaie de m’amuser avec ces histoires et de ne pas être trop sombre, mais, comme nous le savons tous, les histoires d’amour finissent mal… en général !

Comment décririez-vous votre musique ?

Elle constitue un mélange de rock, de rap, de variété et de pop électro… en bref, des couplets souvent rythmiques et des refrains populaires et mélodiques. Au cours des dernières années, j’ai trouvé mon style, on commence à me dire que mes chansons me ressemblent, on reconnaît de plus en plus ma voix et mes arrangements. C’est un travail de longue haleine, mais la passion mène à l’excellence, j’espère un jour qu’on me reconnaîtra pour ce travail acharné.

Avez-vous d’autres projets ou collaborations?

Je suis également manager et producteur d’un artiste kabyle, Iddir Salem. Nous écrivons des titres qui s’apparentent à de la world music ou encore de l’ethno-pop. Iddir chante merveilleusement et j’ai craqué sur sa voix. J’ai écrit aussi pour une artiste franco-ivoirienne, Adjouah ; c’est là encore de la pop, teintée d’influences africaines. J’aime lorsque la musique me fait voyager. Vous entendrez parler de ces deux artistes très vite.

Votre mot de la fin pour les lecteurs de Stars-média ?

Je vous salue en espérant que, à travers mon parcours, vous vous retrouverez un peu. Il faut du courage, de la force et une motivation à toute épreuve, quelle que soit votre ambition.
Bises à tous les “Jedi” de “Star Wars média” !

Propos recueillis par Sabrina Fraty, en exclusivité pour stars-media.fr