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Interview exclusive de Marcel Campion, roi des forains

Marcel Campion
Marcel Campion

Marcel Campion n’est pas « seulement » un entrepreneur à la carrière exemplaire, l’inventeur de la Grande Roue de la Concorde à Paris ou des circuits de karting dans les foires, le créateur de la Fête à Neu-Neu ou de la Foire du Trône.

Non, Marcel est bien plus, c’est une légende vivante. Il n’y a pas une star, pas un homme politique, qui ne connaisse « Le roi des Forains ».
C’est dans son mythique restaurant de Saint-Ouen, « La Chope des Puces », que Marcel a bien voulu se confier à Stars-media, au cours d’une interview empreinte d’émotion. Il abordera son enfance, son parcours de forain, ses relations avec les célébrités et son engagement envers les associations caritatives.

Bonjour Marcel, pourriez-vous vous présenter à mes lecteurs qui, peut-être, ne vous connaissent pas encore ?

Bonjour Laurent, Marcel Campion, forain dans le domaine des manèges, également président d’une association de forains.
Je fais partie de la communauté des gens du voyage, j’ai une grande expérience, puisque j’ai déjà 77 ans.
J’ai commencé ma vie en étant SDF, sans parents, sans tuteur et en travaillant chez les autres.
Je vendais diverses choses à la sauvette. De fil en aiguille, j’ai monté des affaires, de plus en plus importantes et j’en suis arrivé là où j’en suis aujourd’hui. Ce fut un long parcours, mais très amusant.
Aujourd’hui, je suis toujours SDF, mais d’une autre façon, « sans difficultés financières » (rires).

Pourriez-vous rappeler à mes lecteurs ce qu’est la communauté des gens du voyage et nous décrire vos liens avec elle ?

Les gens du voyage travaillent dans la rue. Ils organisent en général des spectacles, ils peuvent être commerçants ou s’occuper d’animations, ce qui est mon cas. Je me suis spécialisé dans les manèges.
Enfant, j’avais déjà conscience d’appartenir à la famille des forains. Depuis le jour où ma mère a été tuée par un missile V2, près de Paris.
Je me suis donc débrouillé, de famille d’accueil en famille d’accueil, jusqu’à l’âge de 13 ans.
Après, j’ai commencé à côtoyer ce que l’on appelait à l’époque des « romanichels » ; aujourd’hui, on dit des Roms. Je les ai quittés à l’âge de 15 ans.

Lors de la soirée privée de Marcel Campion, le 5 Août dernier à Saint-Tropez
Lors de la soirée privée de Marcel Campion, le 5 Août dernier à Saint-Tropez

C’est d’ailleurs à cette époque que j’ai découvert mon futur restaurant, « La Chope des Puces ».

Comment êtes-vous devenu « Le roi des Forains » ? Car c’est ainsi que l’on vous appelle aujourd’hui.

C’est très simple, par le travail. Très jeune, j’ai commencé à monter et à démonter des manèges et divers matériels. Je ne prenais pas cela pour une corvée, mais comme un vrai plaisir. Surtout, j’apprenais mon métier tout en gagnant mon casse-croûte.
Vers l’âge de 18 ans, j’ai réalisé ma première baraque à frites, facilement démontable. Elle ne faisait que deux mètres sur deux. Les frites, c’était ce qu’il y avait de plus facile à faire et à vendre.

Difficilement, j’ai réussi à pénétrer dans les fêtes foraines et là, je me suis rendu compte qu’il y avait peu de liens entre les municipalités et les forains. Alors, je me suis mis à lire, à écrire, à apprendre la grammaire française, de façon à m’exprimer parfaitement. J’ai écrit des courriers sur une vieille machine à écrire, à chacune des communes autour de Paris, en leur proposant des fêtes et des spectacles. J’ai eu énormément de retours positifs. Ensuite, j’ai démarché le seul constructeur de manèges de la région parisienne.

Il a accepté de me recevoir, ma démarche lui a plu, mais je n’avais pas d’argent. Pendant un an, il m’a loué du matériel, ce qui m’a permis de créer mes premières véritables affaires de forain. J’ai alors fait profiter d’autres membres de ma profession de ce savoir-faire commercial. Mon groupe de forains étant composé, c’était parti pour ma première fête foraine ! Nous étions en 1965.

Marcel Campion et Laurent Amar
Marcel Campion et Laurent Amar

Plus tard, j’ai monté un circuit de karting, le premier du genre en France, puis il y a eu la Foire du Trône.

Êtes-vous à l’origine de la Grande Roue de la Concorde, Marcel ?

Absolument ! Au fil des ans, j’avais commencé à monter une grande roue, dont j’avais acheté les pièces un peu partout en France, sur les foires.

Jacques Chirac, alors maire de Paris, appréciait mon travail, notamment ce que nous avions fait sur la Fête à Neu-Neu. Ayant obtenu son accord pour installer des manèges de Noël dans différents quartiers de Paris, je me suis payé le luxe d’arriver avec la Grande Roue et d’autorité, de la mettre sur la place de la Concorde. Les CRS m’en ont d’abord empêché, il a fallu son intervention pour continuer l’installation.

Chaque année, j’ai renouvelé l’opération et, pour l’an 2000, j’ai décidé, en collaboration avec mon ami Yves Mourousi, d’installer sur la même place une roue encore plus grande, encore plus sophistiquée. En fait, j’avais eu cette idée de grande roue dès 1987. À l’époque, je voyais cela plus comme une attraction touristique que comme un simple manège.

Depuis, mon idée de grande roue a été reprise par plus de 120 grandes villes à travers le monde comme Séoul, Shanghai ou même Jérusalem.
La Grande Roue est présente à la Concorde depuis 1993.

Abordons votre côté mondain et jet-setter, Marcel. Comment en êtes-vous venu à côtoyer des célébrités ?

Dans les années 1975, j’organisais avec Yves Mourousi « Les Fêtes de Paris » dans le jardin des Tuileries. À la fin de la soirée, Yves m’amenait tous ses copains people.
C’est à cette époque que j’ai connu, entre autres, Alain Delon et Jean-Paul Belmondo.
Mais aussi Claude François, Serge Gainsbourg. Ils venaient tous chaque soir me voir au jardin ou j’ouvrais les manèges et organisais un cocktail rien que pour eux.

Parallèlement, j’avais aménagé le Luna Park de Saint-Tropez, toujours en collaboration avec Yves Mourousi. Là, j’ai fait la connaissance d’Eddie Barclay, je suis resté proche de lui jusqu’à son décès.
Mon amitié avec Eddie Barclay et Yves Mourousi m’a donc fait connaître le milieu du show-business et la jet-set française.

Depuis quarante ans, j’organise des opérations caritatives, qui recueillent beaucoup d’argent pour les associations et que je fais parrainer par un artiste.
Par exemple, cette année, j’ai fait rentrer pour l’association du docteur David Khayat, « AVEC », plus de 150 000 euros. Cette somme l’aidera dans sa lutte contre le cancer.
Enfin, je fais toujours ouvrir par mes amis forains la Foire du Trône, le vendredi soir, afin d’y accueillir exclusivement mes amis people. Cela nous ramène les médias et tout le monde est content.
Les stars, parce qu’elles ont passé un moment très agréable en privé, les forains car cela leur fait une importante couverture médiatique sans qu’ils aient à débourser un centime.

Avec quelles célébrités êtes-vous le plus ami ?

Avec Johnny je me suis très bien entendu durant plusieurs années. Depuis son mariage avec Laeticia, je dois avouer que nous nous sommes un peu éloignés. À Saint-Tropez, l’été, je vois souvent Eddy Mitchell avec lequel je suis voisin. J’aime aussi beaucoup Gérard Lanvin et Claude Lelouch.

Avec Claude, j’ai souvent retrouvé des histoires à moi dans ses films, notamment dans « Itinéraire d’un enfant gâté » et « La Belle Histoire ». Merci beaucoup,

Votre mot de la fin Marcel ?

Merci Laurent, et rendez-vous à Saint-Tropez !

Propos recueillis par Laurent Amar

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