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Le rappeur et slameur Rost nous parle de la banlieue, de la Coupe du monde et du fair-play.

Rost Crédit photo : Stéphane Greffier/ Befairplay
Rost
Crédit photo : Stéphane Greffier/ Befairplay

 

Bonjour Rost. Quel bilan tires-tu des neuf années d’existence de l’association Banlieues Actives ?

Bonjour Laurent. Le bilan est bien évidemment positif, nous avons fait de nombreuses actions de sensibilisation pour que les habitants des quartiers deviennent responsables et acteurs de l’évolution de la société et non plus simples “spectateurs”.
D’autre part, j’ai pris un peu de recul par rapport à l’association, elle m’a pris énormément de temps et d’énergie, je me demande vraiment si cela valait la peine de me donner tout ce mal pour tenter de faire bouger les choses.

Attention, je ne dis pas que j’ai des regrets, absolument pas ; si j’en avais, cela voudrait dire que nous avons échoué.
Quand je vois le travail que nous avons fait dans les écoles pour venir en aide aux jeunes en difficulté, ou pour empêcher simplement d’autres jeunes d’aller en prison, je pense avoir réussi ma mission. Maintenant, j’aurais aimé que certains se sentent plus responsables, des personnes que nous avons accompagnées n’ont pas fait la suite du chemin tracé ensemble, et c’est vraiment dommage.

Comment es-tu devenu chroniqueur dans une émission que j’aime beaucoup, “Choisissez votre camp” sur LCI ?

En 2008, au moment où je sortais mon livre, j’ai croisé Patrice Carmouze, que j’avais déjà rencontré brièvement quelques années auparavant.
Il s’est souvenu de moi et avait été agréablement surpris par mon parcours. Il m’avait même demandé si je voulais être chroniqueur dans son émission sur l’ancienne chaine Cap 24, devenue depuis Bfm Business.
J’ai accepté et à l’époque, j’étais aux côtés de Christophe Mory, Natacha Polony et Jean-François Kervéan. L’émission a duré deux ans.
D’autres médias m’avaient vu comme chroniqueur  et j’ai été contacté pour d’autres programmes, notamment par Valérie Expert qui avait aimé ma façon d’aborder les choses. Depuis, j’officie à ses côtés dans son émission “Choisissez votre camp” sur LCI.

Parlons de “Lambo Lambo Be FAIR PLAY”, quel a été le déclencheur du projet ?

Rost et Alango. Crédit Photo : Stéphane Greffier/ Befairplay
Rost et Alango.
Crédit Photo : Stéphane Greffier/ Befairplay

Ce projet a démarré il y a deux ans, sur une idée d’Alango, qui est également mon associé et co-auteur dans cette chanson.
Il travaillait dans le domaine de l’éducation sportive et c’était aussi un partenaire du chanteur Wes.

Nous avons décidé d’unir nos forces, avec nos associations “Donne moi ma chance” et “Banlieues Actives”, et de créer le projet “Lambo Lambo”.
La chanson est finalement la conséquence du projet de base : emmener trente-deux enfants des quartiers, toutes origines confondues, au Brésil afin d’y promouvoir le fair-play.

Nous nous sommes posé la question de savoir comment combattre la violence dans les stades et autour des stades. Il y a même une explosion de la violence dans le milieu du football français.
Qui a oublié Knysna ou le coup de tête de Zidane ? Nous avons dû abandonner ce voyage  à cause d’un problème de financement, mais nous voulions quand même aller au bout de ce que nous avions commencé et nous avons créé la chanson “Lambo Lambo”.

Que t’inspire le fait que 80 % des jeunes joueurs de football en France proviennent des quartiers ?

Ce n’est pas étonnant et on voit bien là toute la perversité du système dans lequel nous vivons.
Il existe un véritable plafond de verre que nous n’arrivons pas à briser. Les jeunes des quartiers ne devraient pas être cantonnés à la musique ou aux sports, mais à tous les métiers, comme magistrat, ministre, avocat. Qu’ils puissent accéder à toutes les fonctions. Ce n’est pas parce que des jeunes vivent dans des quartiers populaires, avec des conditions de vie parfois déplorables, qu’ils ne peuvent pas réussir comme les autres. Si le football a du succès, c’est parce que les jeunes s’identifient aux stars de ce sport. Il faut impérativement que nos élites ressemblent à la France d’aujourd’hui, c’est-à-dire diverse et métissée.

La jaquette officielle de Lamba Lambo. Cliquez sur l'image pour découvrir le clip.
La jaquette officielle de Lambo Lambo.
Cliquez sur l’image pour découvrir le clip.

Qu’as tu pensé de la polémique Nasri et du tweet de sa fiancée insultant la France et Deschamps ?

(Rires). Quand Ribéry a été blessé et a déclaré forfait, j’ai eu une pensée pour ce pauvre Nasri qui a dû se dire : “Mais pourquoi ma nana a envoyé ce tweet, pourquoi elle a insulté le coach” ? (Rires). Je dois avouer que j’ai été entièrement d’accord avec Didier Deschamps quand il a décidé de ne pas simplement prendre les 23 meilleurs joueurs mais 23 joueurs, bons, et qui peuvent nous emmener loin et surtout capables de vivre ensemble. Même si, sur le plan sportif, je n’ai rien à reprocher à Nasri, il a fait une superbe saison, je me dis qu’il n’y a pas que le talent, il faut aussi avoir des valeurs, le talent n’est rien s’il n’est pas accompagné de valeurs.

Un pronostic pour la prochaine Coupe du monde ?

J’aimerais beaucoup voir la France et le Brésil en finale (rires). Mais c’est bien évidemment du sport et je dis : “Que le meilleur gagne ! ” Que toutes les nations qualifiées et leurs joueurs s’éclatent et donnent du plaisir aux jeunes spectateurs ! Mais surtout, c’est le plus important, “be fair-play” !
http://youtu.be/eohqgvEGGTw

Propos recueillis par Laurent Amar

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