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Fratricide avec Jean-Pierre Kalfon et Pierre Santini, une pièce envoûtante et implacable.

Jean-Pierre Kalfon et Pierre Santini dans "Fratricide", au Théâtre de Poche à Paris.
Jean-Pierre Kalfon et Pierre Santini dans “Fratricide”, au Théâtre de Poche à Paris.

 

Deux frères que tout oppose se retrouvent, à la mort de leur père, dans le bureau d’un notaire. Ils ne s’étaient pas revus depuis vingt ans.
Depuis que Fabien, le cadet – alias Jean-Pierre Kalfon, monstre sacré de la scène cinématographique et théâtrale française – fut incarcéré pour avoir assassiné un homme.
Jean, son aîné, est tout le contraire : père de trois enfants, il a  repris avec succès l’empire paternel. Le décès du chef de clan va réunir ces deux êtres, et faire ressortir des antagonismes enfouis depuis trop longtemps.
Jean est interprété par Pierre Santini, perle rare du cinéma et du théâtre français.

C’est un véritable combat que vont se livrer les deux protagonistes, en attendant le sort que leur a réservé  le père défunt, dans le bureau d’un notaire qui ne viendra jamais.
Les joutes verbales apparaissent dès le début de la pièce. Plus qu’un règlement de comptes, c’est une bataille qu’ils se livrent, avec des armes qui font mal, chacun utilisant la faiblesse de l’autre pour toucher, voire détruire, son cœur.

Et pourtant, au fil de l’histoire, ces deux êtres qui croient se détester vont comprendre qu’il n’en est rien.

De révélations en intrigues, de violence en fraternité, Fabien et Jean se laisseront emporter dans le tourbillon de leurs sentiments et de leurs peurs, chacun à leur façon pensant avoir raté sa vie, avec en toile de fond ce père qui les laisse orphelins.

Le titre de la pièce, Fratricide, n’est pas anodin. Il est parfait pour une œuvre dont l’histoire se trouve dans l’alcôve des drames familiaux.
L’interprétation subtile des deux comédiens montre que leur prétendue haine ne pourra jamais atteindre la violence physique, qu’elle ne dépassera jamais les attaques psychologiques.

Le public éprouve une sensation étrange face à ce combat fraternel, celle d’être les témoins directs, et non pas de simples spectateurs, comme si nous étions avec Fabien et Jean dans le bureau de maître Warluzel. Nous avions presque envie de nous lever et de les séparer ! Arrêtez, aimez-vous comme deux frères doivent s’aimer !

Cela est dû au choix très judicieux de la salle de spectacle, petite, mais avec une scène très proche de la première rangée de fauteuils, ce qui permet au public d’être au cœur de ce duel émouvant. Avec une mise en scène sobre mais très efficace de Delphine De Malherbe, Fratricide offre un spectacle pour tous ceux qui aiment les grands comédiens et les belles histoires.

Laurent Amar

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