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Ghost, Le Musical à Mogador, mieux que le film ?

Grégory Benchenafi et Moniek Boersma
Ghost Crédit Photo Stage Entertainment

Tout le monde, ou presque, a vu Ghost.
Réalisée par l’excellent conteur Jerry Zucker, sortie dans les salles en 1990, cette comédie romantique aux accents fantastiques a ému la planète entière.
Elle a sacré star mondiale la toute jeune Demi Moore alors âgée de 28 ans et un Patrick Swayze ayant fait sensation depuis son rôle dans Dirty Dancing, trois ans plus tôt.

Ghost est un récit simple et touchant à la fois. Un homme follement amoureux de sa compagne, Sam Wheat alias Swayze, va trouver la mort de façon totalement injuste et devenir un fantôme errant.
Il devra, avant de rejoindre les cieux, découvrir la raison réelle de son meurtre et de surcroît protéger celle qu’il aime, la belle Molly Jensen alias Moore.
Partant d’un scénario à l’écriture d’une rare subtilité signé Bruce Joel Rubin, le film dépeint avec brio la peur de mourir chez l’être humain, le ciel et l’enfer, et la dichotomie radicale entre le bien et le mal.
Avec plus de 500 millions de dollars de recettes mondiales pour un budget ne dépassant pas les 22 millions, autant dire que le film fut un triomphe et rapporta gros à sa société de production, la Paramount.

Adapter en comédie musicale une œuvre cultissime ne possédant pas une bande originale marquante, mis à part évidemment la célèbre chanson d’amour Unchained Melody (écrite par Hy Zaret et composée par Alex North pour le film Prisons sans chaînes, en 1955, ndlr) est un projet délicat à traiter, pour ne pas dire casse-gueule.
Mais le scénariste Bruce Joel Rubin va faire appel, pour donner à son spectacle une dimension musicale digne de l’histoire qu’il a inventée, à l’une des plus grandes rock stars de la planète, le compositeur et auteur Dave Stewart en personne.
L’ex-compère d’Annie Lennox au sein du groupe Eurythmics va donc composer les différentes chansons de ce qui deviendra, 20 ans après la sortie du film, Ghost, The Musical (joué pour la première fois en 2011 à Manchester) puis Ghost, Le Musical joué dorénavant à Paris, et autant vous dire que c’est très réussi.
Réussi certes, mais étrangement aucune chanson phare ne se démarque de la partition musicale de Ghost, excepté Unchained Melody lors de la fameuse scène pseudo-érotique de la poterie en argile, mais elle n’est pas de Stewart.

Après une tournée internationale, sous l’impulsion des producteurs Laurent Bentata et Arthur de Bok, Ghost en version musicale arrive donc en France au théâtre Mogador.
La générale a eu lieu le 26 septembre dernier à Paris, devant une pléiade d’invités dont Roman Polanski, qui a lui aussi eu droit à l’adaptation musicale d’une de ses œuvres marquantes, Le Bal des Vampires, dont la dernière version a également été jouée à Mogador ; sa présence ce soir-là n’était donc pas un hasard.
Alors, qu’ai-je pensé de Ghost, Le Musical ? Eh bien c’est rythmé, ça va vite, les scènes s’enchaînent, chantées, puis jouées. Les décors ne sont pas spécialement spectaculaires, il y a l’appartement de Molly et de Sam, puis les autres décors qui sont en réalité des projections d’images sur grand écran avec des éléments mobiles interchangeables.

Affiche officielle Stage Entertainment

Mais cela fonctionne très bien, l’impression d’un changement de lieu est efficace et l’on y croit tout à fait.
Mais le plus important reste la mise en scène et l’interprétation.

Qui pour succéder au duo mythique Swayze/Moore ? Eh bien le casting est excellent, et je mettrai une mention spéciale à l’interprète de Molly Jensen, la sublime Franco-Néerlandaise Moniek Boersma, absolument parfaite à tous les niveaux. Qu’il s’agisse de sa voix, de son jeu de comédienne ou de sa façon de se mouvoir sur scène, Moniek coche toutes les cases avec brio. Demi Moore peut être fière de la nouvelle Molly.

J’ai également apprécié le jeu du salopard de service, l’antagoniste de l’histoire, l’horrible Carl Bruner qui, en plus d’avoir provoqué la mort de Sam, veut se taper sa nana.
Incarné avec talent et justesse dans le film par Tony Goldwyn, le rôle de Carl le damné est ici repris par Philippe Touzel, qui s’illustre particulièrement. Phillipe Chante, danse et joue à fond son personnage, jusque dans sa toute dernière scène qui surpasse d’ailleurs celle du film.
Mais la révélation ultime de cette comédie musicale d’excellente facture reste bien sûr le fameux et iconique personnage de Oda Mae Brown, incarné par Whoopi Goldberg dans le film et endossé à Mogador par une extraordinaire Claudia Tagbo.

Claudia s’est non seulement approprié le personnage, mais a également réussi la performance d’éclipser le jeu de Goldberg. Oui, vous avez bien lu, Claudia fait une bien meilleure Oda Mae que Whoopi, à tel point que les spectateurs la gratifiaient d’une standing ovation lors ses meilleures répliques.

Le casting est vraiment des plus judicieux et saura ravir les fans du film. J’ai été un peu moins enthousiaste à propos du comédien incarnant Sam Wheat, mais ce n’est qu’une question de goût et Grégory Benchenafi fait le job.
La mise est scène n’est pas en reste, avec des effets spéciaux très sympathiques, notamment à l’occasion de la fameuse scène du train où Sam apprend à faire bouger des objets grâce à ses pouvoirs spectraux.

Pour conclure, Ghost, Le Musical n’est pas mieux que le film, mais le spectacle reste absolument indispensable à tous les admirateurs de l’œuvre originale signée Jerry Zucker sortie il y a maintenant 30 ans. Vous y redécouvrirez cette histoire d’amour simple, impossible mais si intemporelle entre un homme assassiné devenu fantôme et une femme voulant le retrouver dans la mort, et au-delà.

Laurent Amar
Ghost, Le Musical, c’est au théâtre Mogador à Paris jusqu’au 21 juin 2020.
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